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1652

Paul Scarron, Le Roman comique

Paris, Quinet, 1652

Discussion à propos du théâtre

La troupe de comédiens, en voyage, se promène dans le jardin de leur hôte avant la représentation du soir. On les entretient notamment de théâtre, du point de vue du public, et on y discute des règles.

On leur donna deux chambres [aux comédiens] pour mettre leurs hardes et pour se préparer en liberté à la comédie, qui fut remise à la nuit […] Un jeune conseiller du Parlement de Rennes, proche parent du maître de la maison, accosta nos comédiens, et s’arrêta à faire conversation avec eux, ayant reconnu que le Destin avait de l’esprit et que les comédiennes, outre qu’elles étaient fort belles, étaient capables de dire autre chose que des vers appris par coeur. On parla des choses dont l’on parle d’ordinaire avec des comédiens : de pièces de théâtre et de ceux qui les font. Ce jeune conseiller dit entre autres choses que les sujets connus, dont on avait fait des comédies, avaient tous été mis en oeuvre, que l’histoire était épuisée et que l’on serait réduit à la fin à se dispenser de la règle des vingt-quatre-heures, que le peuple et la plus grande partie du monde ne savaient point à quoi étaient bonnes les règles sévères du théâtre, que l’on prenait plus de plaisir à voir représenter les choses qu’à ouïr les récits et, cela étant, que l’on pourrait faire des pièces qui seraient fort bien reçues sans tomber dans les extravagances des Espagnols et sans se gêner par la rigueur des règles d’Aristote.

Edition de 1655 disponible sur Google Books.


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