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1675

Thomas Corneille, L'Inconnu

Paris, Ribou, 1675

Présentation de la comédie à venir

Dans une société mondaine, un galant offre à sa maîtresse une comédie. Les spectateurs dialoguent avec le comédien et évoquent le phénomène de la cabale, les différences de réception entre Paris et la province, et le comique des "crispineries".

LE CHEVALIER.
Vous aurez bien choisi ? La pièce...

LE COMEDIEN.
Sera bonne.

LE VICOMTE.
Qui l'a faite ?

LE COMEDIEN.
Jamais nous ne nommons personne.
Nous voulons, si l’ouvrage a quelque approbateur,
Qu’il l’ait pour son mérite et non point pour l’auteur.
Par là point de cabale : on condamne, on approuve,
Selon ou le mauvais, ou le bon qui s’y trouve.
Quelquefois à Paris telle pièce fait bruit,
Dont l’éclat en province aussitôt se détruit.

LA COMTESSE.
Il peut avoir raison.

LE VICOMTE 
 Bon, est-ce qu’en province
On a le sens commun ? Ce sont gens d’esprit mince

LE COMEDIEN.

A dire leurs avis s’ils sont trop ingénus,
Leurs suffrages du moins ne sont point retenus ;
Point d’extases chez eux pour une bagatelle.

LE VICOMTE.
La pièce d'aujourd'hui, comment se nomme-t-elle ?

LE COMEDIEN.
L'Inconnu.

LA COMTESSE.
L'Inconnu !

LE VICOMTE.
Si c'était le Grosset, Madame ?

LE COMEDIEN.
C'est Psyché, grand et pompeux sujet.

LE VICOMTE.
Tant pis, le sérieux en moins de rien m'ennuie.
Et n'y joindrez-vous point quelque crispinerie ?
J'aime tous les Crispins.

LE COMEDIEN. Vous en aurez le choix.

LE VICOMTE.
J'ai vu Le Médecin, je crois, plus de cent fois.
Ce pendu qu'on étale sur la table, il m'enchante.

LE MARQUIS.
C'est avecque justice.

LE VICOMTE.
Et cet autre qui chante,
Fa, sol fa, sol fa, ré, mi, fa,
Quand il entonne ainsi son ré, mi ; fa, je ris...

LA COMTESSE.
Vraiment.

OLIMPE. Il a toujours ses endroits favoris.

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