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1686
Michel Baron, Le Rendez-vous des Tuileries
Paris, Guillain, 1686
Propositions des spectacles possibles
Deux coquettes cherchent à occuper leur après-midi. Mais la Marquise rejette toutes les propositions de divertissement de la Comtesse à l'acte II, scène 9.
LA COMTESSE.
Voulez-vous venir à l’Opéra ?
LA MARQUISE.
Ah ! Dieu m’en garde ! il me fatigue à mourir ; au moins, je ne dis cela qu’à vous, car ce serait un crime d’en dire autant dans le monde. Je sais qu’il est du bel air de faire l’adorateur de la musique ; et je sais un de nos bons amis, âgé de soixante ans, qui dernièrement me vint dire très sérieusement que dans peu il espérait savoir savoir solfier. Pour moi, quoique, fort jeune, l’on m’ait bercé de musique, que l’on me l’ait fait apprendre avec soin, je vous jure que je n’ai pu, aux dépens du bon sens et de la raison, entendre tous ces héros me parler de leurs malheurs en chantant.
LA COMTESSE.
Oh ! finissons cette matière ; nous entrerions dans une dissertation d’où nous ne sortirions pas aisément. Dites-moi, la comédie italienne vous plait-elle mieux ?
LA MARQUISE.
Il faudrait être folle ; il n’y a ni rime ni raison à tout ce qu’ils font.
LA COMTESSE.
Et les Français ?
LA MARQUISE.
Selon. Il y a bien des choses à dire là-dessus ; ils ont si peu de bons auteurs, et l’on sait les pièces de Corneille et de Racine par cœur.
LA COMTESSE.
Oh bien, Madame, demeurez donc chez vous, puisque vous ne prenez de plaisir en aucun endroit.
Édition en ligne sur Gallica p. 82
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