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1713
Anthony Hamilton, Mémoires de la vie du comte de Grammont
Cologne, Marteau, 1713
Déguisées en vendeuses d'oranges
Aventures de deux filles d'honneur qui décident de se déguiser en vendeuses d'oranges pour aller consulter un nouveau voyant à la mode.
Jennings était très difficile à déguiser à cause de son éclat extrême et de quelque chose de singulier dans son air et ses manières. Cependant, après avoir bien rêvé, ce qu'elles imaginèrent de mieux fut
de s'habiller comme les filles qui vendent des oranges aux comédies et dans les promenades publiques. Cela fut bientôt fait. La Price se travestit à peu près de même. Elles prirent chacune un panier d'oranges et s'étant embarquées dans un fiacre, elles s'abandonnèrent à la fortune sans autre escorte que celle du caprice et de l'indiscrétion.
La duchesse était à la comédie, avec sa sœur :Mademoiselle Jennigs s'en était dispensée sur une sainte indisposition. […]
[Elles décident, pour pousser leur témérité, d'aller vendre leurs oranges aux portes du théâtre] Sidney, plus beau que le bel Adonis et plus paré qu'à son ordinaire, y descendait. La Price l'aborda témérairement comme il se donnait un coup de peigne. Mais il était trop occupé de lui-même, pour songer à elle et passa, sans daigner lui répondre. Killegrew fut le second qui débarqua. La belle Jennings, un peu rassurée de ce qu'elle avait vu faire à l'autre, s'avança vers lui, lui présentant son panier, tandis que la Price, plus faite au langage, lui disait d'acheter ses belles oranges.
- Pas pour le présent, dit-il, en les regardant avec attention, mais si tu veux demain au matin m'amener cette petite fille, cela te vaudra toutes les oranges des boutiques.
Et tandis qu'il tenait ce discours à l'une, il tenait la main sous le menton à l'autre, en visitant quelque peu sa gorge. Ces familiarités faisant oublier à la petite Jennings le personnage qu'elle représentait, après l'avoir repoussé le plus rudement qu'elle put, elle lui dit avec indignation qu'il était bien insolent d'oser ....
- Ha, ha! dit-il, voici, ma foi, qui est nouveau ! une petite p......... qui, pour faire valoir sa marchandise, fait la précieuse et prétend avoir des sentiments !
Price vit bien qu'elle ne feraient rien qui vaille dans un lieu si dangereux et l'ayant prise sous le bras, elle l'emmena tout émue encore de l'insulte qu'on venait de faire à sa fierté.
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