Par support > Romans, nouvelles > Scarron aparu à Madame de Maintenon et les reproches qu’il lui fait sur ses amours avec Louis le Grand

 

1694

[Anonyme], Scarron aparu à Madame de Maintenon et les reproches qu’il lui fait sur ses amours avec Louis le Grand

Cologne : J. Le Blanc, 1694

Séduire la reine d’Angleterre

Le roman est l’histoire d’une longue vision, celle de Scarron qui apparaît à Madame de Maintenon pour lui reprocher ses amours. A la fin du roman, prend place la descritpion d’un bal pendant lequel le roi séduit la reine d’Angeleterre, qui s’était réfugiée en France. L’œuvre de séduction a lieu sous les yeux jaloux de Madame de Maintenon, spectatrice incrédule.

Le lendemain sa Majesté pria Madame de Maintenon de donner ordre à un superbe festin, suivi d’un joli bal, où étaient conviés plusieurs princes et princesses, et seigneurs et où toutes les dames de la cour parurent déguisées en des manières les plus agréables du monde. La Reine d’Angleterre fut la déesse de cette charmante assemblée. Le roi qui avait l’esprit rempli de sa nouvelle chaine ne laissa pourtant pas de faire paraître à cette princesse son amour ordinaire, il fut pendant le bal toujours auprès d’elle, en lui disant mille choses galantes à quoi la reine répondait fort agréablement ; il semblait dans l’occasion présente qu’elle eut oublié toutes les appréhensions, que la jalousie de sa rivale lui avait fait naître […] Le jour se passa dans l’occupation accoutumée d’un festin ; le soir étant venu chacun dansa ; mais pour Madame de Maintenon, elle parut toujours fort réservée dans tous les divertissements, et l’on peut dire qu’elle soutient admirablement bien le caractère qu’elle porte. Jamais on ne l’a vue plus gaie dans un moment que dans un autre, cette égalité qui se trouve chez elle la fait estimer de tous ceux qui la voient ; c’est aussi au sujet de ces qualités éminentes que notre prince la jugeait digne de ses affections ; le Maréchal de Luxembourg qui avait reconnu la tendresse du roi pour la reine d’Angleterre, voulut seconder son inclination en s’approchant de la princesse, il lui donna la main pour danser plusieurs fois, et comme elle possède un air charmant en dansant, notre monarque en marqua au Maréchal sa reconnaissance, en lui disant qu’il n’y avait rien de si aimable que de voir danser deux personnes si bien faites.

       

Roman consultable à Tolbiac (BNF), p. 127-130.


Pour indiquer la provenance des citations : accompagner la référence de l’ouvrage cité de la mention « site Naissance de la critique dramatique »