Notre conseiller sourit à cette proposition et prenant la parole lui dit : l’Opéra, Madame, n’est point un animal, mais une comédie qui est toute dans des machines et dont les vers se chantent en musique. C’est la chose du monde la plus curieuse à voir et je m’engage à vous en donner le divertissement quand il vous plaira, sans que personne s’en scandalise. Je vous y donnerai une loge, vous ne serez pas la seule de votre profession qui assiste, car ces spectacles n’ont rien qui offense les yeux et qui blesse les mœurs […]. Il était de l’humeur des musiciens en général, c’est-à-dire fort glorieux et fort impatient de faire connaître son talent. Il chanta trois ou quatre airs de suite que notre abbesse écouta sans témoigner trop d’émotion et qu’elle avoua être quelque chose d’extraordinaire. Il ne les eut pas plutôt finis qu’il ajouta que ce n’était rien que d’entendre chanter ; que les spectacles et les scènes de l’Opéra enchantaient en même temps si puissamment les oreilles, que l’on se sentait pendant tout le cours de la pièce comme élevé sans quasi se pouvoir reconnaître.