Le roi et la reine firent leur entrée. Il serait assez inutile d’en faire le récit et la description. On sait de quelle manière ces sortes de cérémonies se célèbrent. Il suffit de dire que les Français, qui dès longtemps avant ce règne étaient déjà en réputation de surpasser en magnificence et en galanterie toutes les autres nations, n’oublièrent rien de ce qui pouvait contribuer à la rendre digne de la curiosité et de l’admiration des spectateurs. Comme le roi était l’homme le plus beau et le mieux fait de la Cour, il attira aussi plus particulièrement sur lui les regards de tout le monde. Sa riche parure et son ajustement extraordinaire joignaient à ses agréments naturels un éclat dont on demeurait ébloui. Madame de Châteaubriant qui d’un balcon où elle était avec quantité de dames, le regardait passer, sentait en même temps une rougeur sur son visage qui marquait l’agitation de son cœur. Elle le suivait de l’œil avec une attention incroyable ; et quand il eut disparu à sa vue, elle fut longtemps plongée dans une profonde rêverie dont elle goutait le plaisir avec d’autant plus de liberté, qu’elle ignorait combien il lui était dangereux. Mais ce qui acheva de la perdre, ce fut quand dans les jours suivants où se firent des tournois, elle vit ce prince rompre une lance et courir la bague avec une grâce et une adresse qui surpassaient celles de tous les autres chevaliers ; quand elle le vit remporter le prix sur Monsieur de Bourbon même, qui passait pour le plus adroit de son siècle.