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1700

[Anonyme], Les amours, galanteries et passetemps des actrices ou confessions curieuses et galantes de ces dames, rédigées par une bayadère de l’opéra

Couioppolis : 1700

Un spectateur amoureux d'une comédienne

Le roman anonyme décrit les confidences échangées par plusieurs actrices qui se retrouvent dans un salon après un dîner. Chacune d’entre elle détaille quelques secrets de sa vie d’actrice. Parmi elles, Léontine décrit la fascination qu’elle avait exercée sur un spectateur.

Avant de commencer je dois faire ici en quelque sorte ma profession de foi, je ne suis pas plus prude qu’une autre, mais j’ai toujours pensé que quoique femme de théâtre on devait au moins garder quelque réserve dans les incartades qu’on est susceptible de faire et ne pas s’afficher hautement ; c’est une règle de laquelle je me suis rarement écartée, qui m’a valu l’espèce de réputation de sagesse dont je jouis et qui a fait dire de mon père qu’il avait toujours en poche l’honneur de sa fille sur papier timbré. Hélas ! Combien de femmes et des plus huppées ne doivent leur réputation d’honnêteté qu’aux apparences et au mystère dont elles savent couvrir leurs intrigues. Croyez-moi pourtant, mesdames, au théâtre même, être bien famés vaut quelque chose. Ceci posé, j’aborde mon récit et vais vous conter dans quelle situation de ma vie j’ai éprouvé le plus de plaisir. Depuis longtemps j’avais remarqué comme un des spectateurs les plus assidus du Gymnase, et toujours placé au premier banc de l’orchestre, un jeune homme de la tournure la plus distinguée ; sa belle et pâle figure me frappait toujours lorsque j’entrais en scène, ce jeune homme m’intéressait et je ne remarquais pas sans un secret plaisir que sa vue était constamment fixée sur moi, et quand je parlais, il semblait que son âme entière fut suspendue à mes lèvres et un jour je m’aperçus que dans le rôle d’Yelva je lui avais arraché des larmes. Oh ! quelles choses ses yeux ne me dirent-ils pas ce soir là, le lendemain je le vis s’approcher de moi à la sortie du spectacle et comme je me prêtai un peu à la circonstance, il trouva moyen de me glisser un billet dans lequel il m’apprenait sa passion dans des termes les plus brûlants ; sa lettre se terminait ainsi : simple étudiant en médecine, je sais combien ce titre me donne peu de droits à vos faveurs et pourtant, aimable Léontine, je meurs si vous ne me répondez.

Roman disponible sur Google Books, p. 47-49.


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