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1701
François Gacon, Le Poète sans fard ou discours satiriques en vers
s.I.
Attaques des auteurs d'opéras et de Dancourt
La septième satire de ce recueil permet à l'auteur de justifier son choix de la satire par le dénigrement des autres formes d'art, notamment l'opéra et les « dancourades » :
Il est certaines gens qui trouvent à redire,
De me voir occupé sans cesse à la satire.
Au lieu de critiquer et Pradon et Perrault,
Suivez, me disent-ils, les traces de Quinault.
Faites des opéras dont vous puissiez sans crime
Avec des monceaux d’or acquérir de l’estime ;
Corneille le cadet, la Saintonge, et Duché
Ont trouvé le chemin de ce Pérou caché.
Il est vrai que leurs vers sans art et sans génie,
Des sons les plus charmants corrompent l’harmonie
Cependant on a vu ces auteurs bien payés,
Pour avoir fait des vers qui nous ont ennuyés.
À ces mots réprimant le fiel qui me domine,
*Je prétends à mon tour essayer de Francine ;*
Je chausse le cothurne, et pour un opéra,
Je veux voir si Phoebus aussi m’inspirera :
Les vers coulent bientôt de ma seconde veine ;
Mais à peine ai-je fait les trois quarts d’une scène
Que n’y rencontrant point de ces sublimes traits,
Je la mets en lambeaux de crainte des sifflets,
Et trouve que séduit par de vaines amorces,
J’entreprenais une œuvre au-dessus de mes forces.
Alors plus que jamais suivant mon premier train,
Contre les froids auteurs j’exhale mon chagrin.
Ma muse en veut surtout à ce fade volume,
Où l’esprit a toujours moins de part que la plume ;
*Et par qui Bordelon fait métier aujourd'hui,*
De revendre en détail les ouvrage d’autrui.
[...]
Fatigué des rigueurs de la Chancellerie,
Irai-je à Guénégaud changer de batterie ?
Et flattant vingt grimauds qui font les beaux esprits,
De leur troupe insolente essuyer les mépris.
Il n’en est point entre eux à voir leur mine altière,
Qu’on ne prit tout au moins pour un autre Molière ;
Et souvent sur vos vers tel se moque de vous,
Qui les croit assez bons pour en être jaloux.
Depuis que sur la scène on ne voit plus en France
D’heureux imitateurs des beautés de Térence,
Il est tel froid spectacle inspiré par Dancourt,
Que tout Paris condamne, et que tout Paris court.
Ce succès étonnant qui flatte sa manie,
Fait que ce fade acteur croit être un grand génie ;
Quoi qu’il doive souvent le peu qu’il a de beau,
A tel qui lui confie un ouvrage nouveau.
De ses honteux larcins l’Histoire est si publique,
Que je l’ose avancer comme un fait sans réplique.
Mais ma muse il est temps de prendre du repos,
Tu pourrais ennuyer par de trop longs propos ;
Toujours de froids auteurs implacable ennemie,
Prépare d’autres traits contre l’Académie,
Et laisse là Dancourt rempli de vanité,
S’applaudir d’un honneur qu’il n’a pas mérité.
Satire en ligne sur Google Books p. 24-26.
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