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Par support > Pièces de théâtre > Renaud et Armide –
1697
(Florent Carton dit) Dancourt, Renaud et Armide
Paris, Thomas Guillain, 1697
Quinault joué par des valets
Lisette et Lolive cherchent à faire perdre du temps aux pères de leurs maîtres respectifs afin qu’ils ne surprennent pas les jeunes gens ensemble. Pour ce faire, Lolive feint de se prendre pour un personnage de l’Armide de Quinault et Lully.
ACTE UNIQUE, SCÈNE XV Lisette, Lolive.
[…]
LISETTE
Voici le père de ma maîtresse, et Monsieur Filassier ; il ne serait pas à propos qu’ils se vissent.
LOLIVE
Tu as raison. Comment nous en débarrasser ?
LISETTE
Ma foi je ne sais.
LOLIVE
Attends, attends, je vais faire Ubalde et le Chevalier Danois. Voici à propos une espèce de sceptre.
Il prend un bâton de chaise qu’il trouve rompue.
LISETTE
Que diantre veut-il dire ? Il est aussi devenu fou, je pense.
SCÈNE XVI Monsieur Filassier, Monsieur Grognac, Lisette, Lolive.
MONSIEUR FILASSIER
Ah ! Te voilà. Bonjour, Lisette.
LISETTE
Votre servante, Monsieur.
MONSIEUR FILASSIER
Avec qui es-tu là, n’est-ce pas là… oui, vraiment. Ah, ah ! Que faites-vous de ce coquin-là chez vous, Monsieur ?
MONSIEUR GROGNAC
Moi, je ne sais. Qui est cet homme-là ? Parle.
LISETTE
Est-ce que je le connais moi ? Qu’il vous le dise lui-même.
MONSIEUR FILASSIER
C’est un maraud que je veux faire pendre.
MONSIEUR GROGNAC
Quelque voleur que cette coquine-là m’attire chez moi.
LOLIVE
Ah ! Que d’objets horribles, Que de monstres horribles.
MONSIEUR GROGNAC
Que veut dire ce misérable-là, avec son impertinente chanson ?
LISETTE
C’est un pauvre diable, qui a perdu l’esprit, apparemment ; laissez-le là, si vous m’en croyez.
MONSIEUR FILASSIER
Non, non, c’est le laquais de mon coquin de fils, il ne vient pas ici pour rien, mais si je prends un bâton…
MONSIEUR GROGNAC
Oui, oui, c’est le moyen de lui apprendre à parler.
LOLIVE
Laissez-nous un libre passage, Monstres, allez cacher votre inutile rage Dans l’abîme profond dont vous êtes sortis.
MONSIEUR GROGNAC et MONSIEUR FILASSIER
Comment, pendart ?
LOLIVE
Messieurs les monstres, si vous m’approchez de trop près, le sceptre enchanté jouera son jeu, je vous en avertis.
MONSIEUR GROGNAC
Attends, attends, je vais te payer de ton avis.
LISETTE
Et, Monsieur, qu’allez-vous faire ? Vous voyez bien que c’est un extravagant, vous n’auriez pas d’honneur de le battre ; il vous donnerait peut-être quelque coup qui vous ferait mal.
MONSIEUR FILASSIER
On se moque ici de vous et de moi, je pense…
MONSIEUR GROGNAC
Montons là-haut, nous y trouverons ma fille et ma sœur, et nous en saurons davantage.
MONSIEUR FILASSIER
C’est bien dit, allons.
LISETTE, bas.
Ils vont surprendre ton maître avec elles, ils ne sont encore avertis de rien.
LOLIVE, bas.
Ne pourrions-nous point les retenir par quelque chose de bien amusant ? Ces chansons du quatrième Acte d’Armide, par exemple.
LISETTE
Oui, cela est bien amusant, tu as raison.
Ils vont reprendre Monsieur Grognac et Monsieur Filassier au fond du théâtre, et ils les retiennent, en leur faisant danser un branle, et en chantant.
LOLIVE et LISETTE
Voici la charmante retraite De la félicité parfaite, Voici l’heureux séjour Des Jeux et de l’Amour.
MONSIEUR GROGNAC
Ouais, je perds patience, et je me fâcherai à la fin.
MONSIEUR FILASSIER
Mais qu’est-ce donc que cela ? Me fait-on venir pour m’insulter ? Est-ce une comédie que nous jouons, s’il vous plaît ?
LOLIVE Non, Monsieur, c’est un opéra.
MONSIEUR FILASSIER, en prenant Lolive à la cravate.
Un opéra, bourreau ! Un opéra ! Il faut que je t’étrangle.
Extrait disponible sur Théâtre classique
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