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1688

Henri Guichard, La Fameuse comédienne

Francfort : F. Rottenberg, 1688

Agonie sur scène

L'auteur de cette nouvelle diffamatoire écrite contre Armande Béjart raconte comment les spectateurs du Malade imaginaire auraient vu Molière agoniser sur scène.

Un jour qu'il devait jouer Le Malade imaginaire, pièce nouvelle alors et la dernière qu'il avait composée, il se trouva fort mal avant que de commencer et fut prêt de s'excuser de jouer sur sa maladie ; cependant comme il eut vu la foule du monde qui était à cette représentation, et le chagrin qu'il y avait à le renvoyer, il s'efforça et joua presque jusqu'à la fin, sans s'apercevoir que son incommodité fût augmentée. Mais dans l'endroit où il contrefaisait le mort, il demeura si faible qu'on crut qu'il l'était effectivement, et on eut mille peines à le relever. On lui conseilla pour lors de ne point achever et de s'aller mettre au lit ; il ne laissa pas pour cela de vouloir finir, et comme la pièce était fort avancée, il crut pouvoir aller jusqu'au bout sans se faire beaucoup de tort. Mais le zèle qu'il avait pour le public eut une suite bien cruelle pour lui, car dans le temps qu'il disait "de la rhubarbe et du séné" dans la cérémonie des médecins, il lui tomba du sang de la bouche ; ce qui ayant extrêmement effrayé les spectateurs et ses camarades, on l'emporta chez lui fort promptement, où sa femme le suivit dans sa chambre.

La Fameuse comédienne, ou Histoire de la Guérin, auparavant femme et veuve de Molière, Francfort : F. Rottenberg, 1688, p. 38-40.

Extrait disponible sur Google Books.


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