Les uns sont ignorants, les autres jaloux, et les troisièmes savants. Les premiers s’émancipent de dire que ce n’est pas grand-chose ; les autres, que je n’agis pas toute seule et que j’ai des aides étrangères ; mais les troisièmes, plus judicieux, avouent que c’est beaucoup pour une fille, et que tout s’y voit d’un style égal. Le jugement des premiers n’est pas recevable ; les seconds font leur supplice de ma gloire ; et je reçois volontiers instruction des troisièmes. De sorte que, comme je méprise les premiers, j’ai de la compassion pour les seconds et du respect pour les troisièmes.[...] Vois maintenant, mon lecteur, dans quel ordre tu veux te ranger. Si tu es du nombre de ces premiers censeurs, l’applaudissement universel que cette pièce a reçu dans la représentation publique qui s’en est faite ici condamnera ton sentiment particulier. Si tu es des seconds, je te prie de faire mieux avant que de mépriser ce petit talent qui n’est pas commun. Si tu es enfin des troisièmes et des plus raisonnables, tu pourras prendre pour ton divertissement ce que j’ai fait pour le mien.