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1628
Charles Sorel, Le Berger extravagant
Paris, Du Bray, 1628
La comédie des Dieux
Au sein d'une histoire insérée, les Dieux s'apprêtent à jouer aux mortels, revanche sur les mortels qui jouent aux Dieux sur le théâtre :
Vulcain, Momus, Mercure et quelques autres n’étaient pas de cette danse. Il leur avait pris envie de faire quelque galanterie pour réjouir l’assemblée. Ils voulaient jouer une comédie et Vulcain, qui n’avait pas beaucoup d’invention en ce qui était de ceci, dit qu’il ne [fallait] que prendre une certaine pièce qu’un poète Grec avait faite, où il les avait fait parler tous, tellement qu’ils auraient bientôt trouvé ce qu’ils devraient dire. – Cela serait trop grossier, dit Mercure, il ne nous faut rien jouer que de nouveau. Nous avons céans les muses qui sont plus savantes que les poètes, puisque ce sont elles qui les inspirent. Néanmoins, à dire la vérité, elles ne nous apprendront rien qui nous soit propre, tant elles font les chastes et les resserrées et je ne sais pas comment ceux qui font des vers amoureux s’imaginent qu’elles leur aident, vu qu’elles n’en font pas elles-mêmes. […] Nous avons Pythagore et Plotan qui disent des choses aussi étranges que les poètes. Vulcain trouvant ceci fort à propos appela ces philosophes et Pythagore ayant pris le dessein de ces dieux leur dit : – Pour ce qui est du sujet et des discours de votre comédie, cherchez un autre compositeur que moi. […] Cela dit, ils résolurent qu’ils représenteraient les diverses qualités des mortels, ce qui est une coutume que de tout temps ils avaient prise afin d’avoir leur revanche des hommes qui dedans leurs comédies représentent toujours les dieux.
Tandis qu’ils cherchaient des habits et des masques pour se déguiser, les autres dieux achevèrent leur grand bal et s’étant assis d’un côté et d’autre, se mirent à parler joyeusement de leurs vieilles amours.
Roman disponible sur Gallica.
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