La base de données « Naissance de la critique dramatique » offre plus de 3000 extraits de textes du XVIIe siècle évoquant les oeuvres théâtrales sous l'angle de… [plus]
Par support > Paratextes de pièces de théâtre > Myrtil et Mélicerte –
1699
Nicolas-Armand-Martial Guérin Détriché, Myrtil et Mélicerte
Paris, Trabouillet, 1699
L’influence des illustres spectateurs
Guérin exploite dans sa dédicace à la Princesse de Conti les procédés rhétoriques traditionnels pour souligner le succès de sa pièce.
MADAME,
Que je serais heureux, si j'avais assez de force et de délicatesse dans mes productions pour apprendre au public tout ce que vous doit ma reconnaissance ! Votre Altesse Sérénissime a eu tant de bontés pour moi qu'il me serait difficile de les exprimer, et j'en fus accablé avant que d'en pouvoir remarquer l'étendue**. Lorsque j'eus l'honneur de vous lire Mélicerte, vous daignâtes me rassurer, vous me donnâtes des applaudissements et, dès ce même moment, vous m'honorâtes de votre protection**. Jamais la joie n'avait trouvé plus de sensibilité dans mon âme, et je m'estimais trop heureux de n'avoir pas déplu à la Princesse la plus délicate et la plus éclairée. Cependant, MADAME, Votre Altesse Sérénissime voulut mettre le comble à ses bontés, après avoir entendu lire Mélicerte : elle en parla à Monseigneur si favorablement qu'elle eut l'honneur de paraître devant lui à Fontainebleau, elle en prit le parti, et la décision avantageuse qu'elle en fit ferma la bouche à mes critiques. Je ne puis oublier ici l'accueil favorable que vous fîtes aux deux contes de fées que j'eus l'honneur de vous procurer à Fontainebleau, et la bonté avec laquelle vous receviez les petits vers que j'offrais quelquefois à Votre Altesse Sérénissime. Je sais, MADAME, que l'on ne devrait exposer à vos yeux que de ces compositions sublimes et hors du commun. Mais si mes expressions n'ont pas été relevées, du moins leur simplicité doit-elle faire connaître le respect du poète. La grâce que je demande à Votre A. S. c'est de me permettre de donner au public les vers qu'elle a daignés recevoir. Il est de mon devoir de le faire, et de ma gloire de me dire, MADAME, avec tout le respect possible,_
De Votre A. S.
Le très humble, très obéissant et très respectueux serviteur,
GUERIN
Édition en ligne sur Molière 21
Pour indiquer la provenance des citations : accompagner la référence de l’ouvrage cité de la mention « site Naissance de la critique dramatique »