1675

Thomas Corneille, L'Inconnu

Paris: J. Ribou, 1675

La beauté des machines

Thomas Corneille revient dans cette préface sur les beaux effets que les "machines" produisent sur les spectateurs.

Après avoir fait paraître dans Circé une partie de ce que le théâtre a de plus pompeux pour la beauté des machines, j'ai cru que le public ne serait pas fâché d'être diverti par les agréments qu'une matière galante est capable de recevoir. C'est ce qui m'a fait choisir le sujet de L'Inconnu, où vous ne trouverez point ces grandes intrigues qui ont accoutumé de faire le nœud des comédies de cette nature, parce que les ornements qu'on m'a prêtés, demandant beaucoup de temps, n'ont pu souffrir que j'aie poussé ce sujet dans toute son étendue. Si ce retranchement d'incidents est un défaut, il est réparé par quantité de choses agréables qui forment les divertissements que l'inconnu donne à sa maîtresse. Je me suis servi des noms de la Comtesse, du Marquis, du Chevalier, et du Vicomte, comme s'accommodant mieux à l'oreille, et étant plus de notre usage que les noms de roman dont on se sert quelquefois pour les pièces d'invention. Vous trouverez ici le cinquième acte plus rempli qu'il ne l'est dans la représentation, où le Marquis se contente de promettre la comédie à la Comtesse. J'en fais un divertissement effectif qu'il lui fait donner sur le petit théâtre, sous le titre de "L'Inconnu*. Il consiste en trois scènes fort courtes qui regardent l'embarras de Psyché enlevée par l'Amour dans un palais magnifique, où rien ne manque à ses plaisirs que la satisfaction de connaître l'amant qui prend soin de les lui procurer ; et comme cet incident n'éloigne point l'idée des fêtes galantes du Marquis, je m'en sers pour dénouer plus agréablement l'aventure de la Comtesse.

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