La base de données « Naissance de la critique dramatique » offre plus de 3000 extraits de textes du XVIIe siècle évoquant les oeuvres théâtrales sous l'angle de… [plus]
Par support > Paratextes de pièces de théâtre > Les Trahisons d'Arbiran –
1638
Antoine le Métel d' Ouville, Les Trahisons d'Arbiran
Paris: A. Courbé, 1638
Un dédicataire charmé par la représentation
D'Ouville rappelle, dans la dédicace à Monseigneur Bouthillier, le plaisir que ce dernier a pris à la représentation des Trahisons d'Arbiran. Il rappelle également les "fards" du spectacle et la réception favorable de la pièce:
Vous blâmerez peut-être la hardiesse que je prends, de vous donner un entretien si peu digne de votre esprit, parmi tant de sérieuses affaires qui l’occupent. Et je serais sans doute accusé de vouloir faire un larcin à l’État, si je vous osais demander une heure de votre temps, qui lui est si nécessaire. Mais quand vous considérerez, Monseigneur, qu’en vous présentant ce mauvais ouvrage, il ne m’est jamais tombé dans l’esprit que vous eussiez, ni la volonté, ni le loisir de passer les yeux par-dessus, et que je ne le fais que pour ma seule réputation, vous êtes si généreux, que vous ne serez point marri qu’une personne qui vous a déjà de si grandes obligations comme moi, se serve de votre nom pour acquérir de la gloire, en chose qui vous est de si peu d’importance. Je vis (et vous me fîtes la faveur de me le témoigner, Monseigneur) que quand cette pièce eut l’honneur d’être représentée devant vous, elle ne vous fut point désagréable. Cela étant, et me donnant la liberté de la publier, je suis assuré que, quand on saura qu’elle vous a plu, elle ne pourra jamais déplaire à personne, de façon qu’elle recevra de vous toute l’approbation qu’elle aura, ce qu’elle n’aurait jamais osé espérer d’elle. Il est vrai que le peuple y a trouvé des agréments qu’il n’a point feint de publier tout haut, autant de fois qu’elle a paru sur le théâtre, dont je ne m’étonne point, car je lui ai ouï louer des choses encore plus mauvaises. Mais qu’elle ait pu surprendre un si grand esprit que le vôtre, c’est de quoi je ne suis pas moins glorieux qu’étonné. Je suis ravi, Monseigneur, que le grand nombre des affaires dont vous êtes accablé ne vous donne pas le loisir de vous détromper en la lisant ; car, dans votre cabinet, elle perdrait toutes les grâces qui lui ont donné l’honneur de vous plaire. Ce serait une laide femme fardée, qui d’abord en l’obscurité vous aurait donné dans la vue, et qui vous déplairait au jour. Vous verriez cette pièce toute nue, avec une infinité de défauts que les habits pompeux et éclatants du théâtre lui avaient cachés. Si vous y avez remarqué quelque esprit, elle en doit la gloire aux excellents acteurs qui l’animaient, de sorte qu’elle serait comme la corneille d’Horace. Mais considérez, Monseigneur, que c’est la première que j’ai faite ; ce que je n’eusse jamais osé entreprendre sans le commandement d’un maître à qui personne ne peut ni ne doit désobéir, et dont il semble que les commandements portent avec soi, à celui qui les reçoit, le pouvoir de les exécuter. Si elle a plu, c’est parce qu’il m’a commandé qu’elle fût faite. L’honneur de votre protection couvrira une partie de ses défauts ; c’est une faveur qu’espère de votre générosité,
Préface en ligne sur Les idées du Théâtre
Pour indiquer la provenance des citations : accompagner la référence de l’ouvrage cité de la mention « site Naissance de la critique dramatique »