Le père, le voyant entrer et prévenu que Saint-Aubin n’avait pas voulu se montrer par déférence pour lui qu’il n’eût auparavant réparé l’honneur de sa fille, l’embrassa avec des transports qui marquaient sa joie. La mère de Marianne, apercevant ce gendre imaginaire, ne donna pas le temps à son mari de parler et lui sauta au col, l’appelant son cher [ligne manquante] rien à leurs fatigantes caresses, crut qu’ils étaient tous devenus fous. Il commençait à répondre à leurs discours impertinents, lorsqu’un ami de la maison qui était le seul à qui les parents avaient confié ce secret, ne voulant pas être le dernier à lui témoigner sa joie, l’interrompit pour le féliciter. Jamais homme ne s’est trouvé plus embarrassé que Saint-Aubin. Il leur dit bien sérieusement qu’il le priait de se désabuser une fois pour toute la vie, puisqu’il avait des raisons essentielles qui l’empêchaient de pouvoir jamais devenir leur gendre. La mère, irritée d’une déclaration si peu attendue, lui répliqua que, puisque ces raisons n’avaient pas été assez fortes pour l’empêcher de déshonorer sa fille, elles étaient trop faibles pour le dispenser de l’épouser, ajoutant que s’il y manquait, elle punirait leur infamie en les étranglant l’un l’autre de ses propres mains. La querelle s’échauffait et Saint-Aubin courait risque d’être maltraité, si le gouverneur qui avait ramené les deux nouveaux mariés ne fût entré. Ceci a tant de rapport au dénouement d’une comédie que le lecteur aura peut-être de la peine à le croire. Je ne force personne et je laisse à chacun la liberté d’en penser ce qu’il voudra.