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1653
Jean Loret, La Muse historique
Paris, Chénault, [1656-1665].
Les Italiens au Petit-Bourbon
Le premier véritable long compte-rendu de Loret, consacré aux Italiens, apparaît dans le lettre du 16 août 1653 :
Une troupe de gens comiques
Venus des climats italiques,
Dimanche dernier, tout de bon,
Firent dans le Petit-Bourbon
L’ouverture de leur théâtre
Par un sujet assez folâtre,
Où l’archi-plaisant Trivelin,
Qui n’a pas le nez aquilin
Fit et dit tout plein de folies
Qui semblèrent assez jolies.
Au rapport de plusieurs témoins,
Scaramouche n’en fit pas moins,
Mais pour enchanter les oreilles,
Pâmer, pleurer, faire merveilles,
Mademoiselle Béatrix
Emporta ce jour-là le prix.
Quoique la langue italienne
Soit pour moi langue arménienne,
Et que mon esprit soit si sot
Que je n’y comprends un seul mot,
Je vais pourtant voir cette troupe,
Aimant mieux manger moins de souper
Et boire un petit moins de vin
Que de ne pas voir Trivelin.
D’ailleurs, quand je suis dans leur salle,
J’ai ce rare et charmant régale,
D’y voir des objets glorieux,
Dont quelques-uns, comme les dieux,
Mériteraient d’avoir un temple,
Desquels objets que je contemple,
Mes yeux sont tout à fait ravis,
Car je me mets tout vis-à-vis.
Mais pour mieux éclaircir ces lignes,
Sachez que ces objets si dignes
Sont (aussi vrai que le jour lui)
Le Roi, la Reine et ce qui suit.
Édition de 1857 disponible sur Gallica, p. 398-399.
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