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1694
Tamisay de La Roque, Journal des savants
Paris, Cusson, 1694.
Comptes-rendus d'ouvrages religieux polémiques
En 1694, les cahiers du Journal des savants font particulièrement cas, et à plusieurs reprises, des ouvrages parus sur les disputes entre théâtre et religion. On retire de ces comptes-rendus quelques jugements et informations sur le fait théâtral.
[Sur le Théâtre… de Boursault] Quant à ceux qui assistent à la comédie, l’illustre auteur avoue qu’il aurait peine à exempter de péché les religieux réformés, les évêques et les abbés. Il en excepte pourtant ceux d’Italie où la coutume semble avoir prescrit contre la bienséance de leur état. p. 237
[Sur la Réponse à la lettre du théologien défenseur de la comédie]
Il ne peut convenir que ces prélats fassent bien d’y assister dans le temps que le théologien même qui se couvre de leur nom avoue qu’il ferait scrupule de les y suivre, et les trois conditions qui y sont apportées par manière de tempérament et de correctif ne le sauraient contenter.
Il est bien éloigné de demeurer d’accord que la comédie n’excite les passions que par hasard. Il prétend au contraire que tout y est ordonné pour les exciter. Mais quand elle ne les exciterait que par hasard, il ne pourrait approuver qu’un chrétien s’exposât à ces émotions dangereuses pour un vain divertissement.
p. 252
[Sur la Réfutation d'un écrit favorisant la comédie] Cela étant de la sorte, il ne peut souffrir que le défenseur des spectacles mette la conscience des comédiens en repos et qu’il ose les garantir au terrible tribunal du souverain juge de leurs paroles non seulement vaines, mais profanes, de leurs rôles tendres, des fêtes profanées, des passions allumées dans le coeur de leurs spectateurs et des autres scandales qu’ils auront causés. p. 358
[Sur la Lettre d'un docteur de la Sorbonne, à une personne de qualité au sujet de la Comédie]
Le Docteur de Sorbonne montre qu’elle n’est point innocente [la comédie actuelle] et qu’elle peut être combattue par plusieurs raisons qui ont servi aux saints Pères contre l’ancienne. Il prouve que si l’on n’y offre plus de sacrifices à Vénus, on y représente des intrigues qui honorent cette déesse. Que si l’on n’y fait plus paraître de femmes nues, on y en fait paraître dont les parures et les gestes, pour inspirer moins d’horreur, n’en inspirent pas moins d’amour. Enfin que le plaisir de la comédie d’aujourd’hui est un plaisir du siècle, que les Pères ont interdit aux chrétiens. […]
L’auteur de la lettre ayant tâché d’éluder les lois des empereurs et les canons des conciles, le Docteur de Sorbonne leur conserve toute leur force et, venant aux comédies qui se jouent dans les maisons religieuses et dans les collèges, répond qu’il a peine à croire que les religieux les plus réformés en jouent jamais. Et, à l’égard des collèges, qu’il n’y a pas longtemps qu’elles y ont été introduites. Qu’elle n’y peuvent être tolérées à moins qu’elles ne soient modestes et que les professeurs ne pourraient être exemptés de péché s’ils faisaient représenter des pièces qui ressentissent la vanité du siècle, où les garçons fussent habillés en filles et où se dansassent des ballets qui ne peuvent servir à former ni l’esprit ni les moeurs des écoliers.
p. 362
Périodique disponible sur Gallica.
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