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1680
Jean Donneau de Visé, Le Mercure galant
Paris, Au Palais, 1680.
Deux pièces de Molière jouées lors d'une fête
Dans son premier tome de février 1680, le Mercure galant rapporte une fête organisée par Louis III de Condé au cours de laquelle eurent lieu deux représentation de la troupe du Roi.
Le lieu où la comédie devait se jouer était éclairé de plusieurs lustres, qui descendaient du plafond. Il y en avait en plaques, avec des bordures de glaces, d’autres de vermeil doré et d’autres d’argent. La corniche et les portes étaient toutes couvertes de flambeaux d’argent et de vermeil. L’endroit où l’on avait dressé le théâtre, était un enfoncement hors d’œuvre tout vis-à-vis de la porte. Ce théâtre était en voûte et brillait si fort que les yeux ne s’y pouvaient attacher sans être éblouis, les fleurs peintes étaient si adroitement mêlées avec les fleurs naturelles qu’il semblait que l’artifice n’y eût point de part. Outre la décoration ornée de peintures et toute rehaussée d’or, il y avait un rang de guéridons des deux côtés du théâtre, sur lesquels étaient des vases d’argent et des caisses dans le fond avec de vrais arbres. Enfin il y avait quelque chose de si galant, de si riche et de si bien entendu dans ce théâtre qu’il n’y eut personne qui, en le voyant, ne donnât d’abord des marques de sa surprise, et ne se récriât sur sa beauté. Les ordres étaient si bien donnés et on les exécuta avec tant d’exactitude, que toutes les personnes conviées entrèrent sans embarras dans le lieu où le divertissement de la comédie avait été préparé. Tout le monde étant placé fort commodément, la Troupe du Roi représenta l’Amphitryon, qui fut diversifié d’entrées faites par M. de Beauchamp et d’airs chantés par une partie des plus belles voix de France. Vous en conviendrez, quand je vous aurai nommé Madame de S. Christophe, Mademoiselle Rebel et Messieurs Morel et Langeais. Ces airs étaient les uns français, italiens et les autres espagnols. Son Altesse Sérénissime donna encore un magnifique souper le lendemain, quoiqu’il fût jour maigre. La même troupe représenta L’École des femmes, qui fut entremêlée de divertissements différents de ceux du premier jour. Après la comédie, il y eut grand bal dans un appartement magnifique et préparé pour recevoir tous les masques. M. l’Abbé Bourdelot, dont l’agréable génie vous est connu, a fait une galante description de ces deux fêtes. Elle est en prose et en vers. Je n’en ai encore rien. On me la promet et si l’on me tient parole, je vous l’enverrai dans la lettre du mois prochain.
Texte disponible sur la plateforme OBVIL.
Mercure galant, février 1680, t. 3, p. 198-218.
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