Par support > Périodiques, gazettes, … > Lettres en vers

 

1668

Charles Robinet, Lettres en vers

Paris, Chénault, 1668.

Représentation d'Amphitryon devant des plénipotentiaires russes

Dans sa lettre du 29 septembre 1668, Robinet relate les représentations offertes aux ambassadeurs russes. Est notamment évoqué le problème de la traduction :

Mais je ne dois pas oublier
(Car, certe il les en faut louer)
Que Messieurs nos français comiques,
Et même aussi les italiques,
Les ont, soit effectivement,
Soit intentionnellement,
Divertis et régalés même,
Avec une liesse extrême,
Car je sais qu’effectivement
(Et j’en fus témoins mêmement)
La troupe où préside Molière,
Par une chère toute entière,
Leur donna son Amphitryon,
Avec ample collation,
Pas de ballet et symphonie,
Sans aucune cacophonie ;
Et ces gens, aimant les gratis,
Y furent des mieux divertis,
Ayant deux fort bons interprètes,
Versés aux langues et languettes,
Qui leur firent entendre tout
Du commencement jusqu’au bout,
Dont l’un, qui sait, entre autre chose
La belle rime et belle prose,
À nom terminant en io :
C’est a sancto aegido.
Or, pour achever ce chapitre,
Et par là finir mon épître,
Les comédiens de l’Hôtel,
Dans un appareil, non tel quel,
Mais beau, je me le remémore,
Car j’en fus le témoin encore,
Étant en loge bien posté,
Ont, trois fois, dans l’attente été
Des Moscovites excellences,
Avec de magnifiques danses,
De beaux poèmes, des concerts
Et mêmes de friands desserts ;
Mais, ayant alors des affaires
Plus que les ébats nécessaires,
Ils ne purent, dont me chaut peu,
Se rendre dans le susdit lieu.
Mais toujours la Troupe Royale,
Ayant préparé son régale,
Les a divertis tout de bon,
Du moins dans son intention.

Transcription de David Chataignier disponible sur le site Molière21.


Pour indiquer la provenance des citations : accompagner la référence de l’ouvrage cité de la mention « site Naissance de la critique dramatique »