Par support > Périodiques, gazettes, … > Lettres en vers

 

1667

Charles Robinet, Lettres en vers

Paris, Muguet, 1667.

Création du Sicilien

Dans sa lettre du 19 juin 1667, Robinet fait état de la création du Sicilien ou l'Amour peintre de Molière.

Je vis à mon aise et très bien,
Dimanche, Le Sicilien. [Au Palais-Royal]
C’est un chef-d’œuvre, je vous jure,
Où paraissent en miniature
Et comme dans leur plus beau jour,
Et la jalousie et l’amour.
Ce Sicilien, que Molière
Représente d’une manière
Qui fait rire de tout le cœur,
Est donc de Sicile un seigneur
Charmé, jusqu’à la jalousie,
D’une Grecque, son affranchie.
D’autre part, un marquis français,
Qui soupire dessous ses lois,
Se servant de tout stratagème
Pour voir ce rare objet qu’il aime
(Car, comme on sait, l’amour est fin),
Fait si bien qu’il l’enlève enfin,
Par une intrigue fort jolie.
Mais, quoi qu’ici je vous en die,
Ce n’est rien : il faut sur les lieux
Porter son oreille et ses yeux.
Surtout, on y voit deux esclaves [Mademoiselle Molière et Mademoiselle de Brie.]
Qui peuvent donner des entraves,
Deux Grecques, qui Grecques en tout,
Peuvent pousser cent coeurs à bout,
Comme étant tout à fait charmantes,
Et dont enfin les riches mantes
Valent bien de l’argent, ma foi :
Ce sont, aussi, présents de roi.

Transcription de David Chataignier disponible sur le site Molière21.


Pour indiquer la provenance des citations : accompagner la référence de l’ouvrage cité de la mention « site Naissance de la critique dramatique »