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1666
Charles Robinet, Lettres en vers
Paris, Muguet, 1666.
Panorama des théâtres
Dans sa lettre du 6 mars 1666, Robinet fait une suite d'éloges concernant le monde du théâtre.
Mais vous aurez, pour supplément,
Le noble divertissement
Que vous donnent les doctes veilles
De l’aîné des braves Corneilles,
Son Charmant Agésilaus [sic.],
Où sa veine coule d’un flux
Qui fait admirer à son âge
Ce grand et rare personnage.
Ceux qui, d’instinct peu sérieux,
Préfèrent le facétieux
Pourront rencontrer chez Molière
Leur satisfaction entière.
C’est là, sans qu’il en reste un brin,
Qu’on fait dénicher le chagrin.
Ceux qui donnent dans la machine
Pourront aussi, je m’imagine,
Rencontrer leur compte au Marais ;
Il est vrai, c’est à plus grand frais,
Mais, quand il faut se satisfaire,
Le coût est un mal nécessaire,
Mais mal qui doit passer pour bien
À qui de son or use bien.
D’ailleurs, de pareilles machines,
Des machines presque divines,
Et les vers de Monsieur Boyer,
Digne d’un immortel loyer,
Méritent bien, sans aucun doute,
Qu’on y courre, quoi qu’il en coûte.
Vous avez, pour tout dire enfin,
La troupe du charmant Dauphin,
Dont les acteurs, encor en graine,
Peuvent guérir de la migraine,
Soit dans les rôles sérieux,
Soit dedans les facétieux.
Ces marionnettes vivantes
Sont tout à fait divertissantes,
Et l’on croit vraisemblablement
Que ce soit un enchantement.
Mais je sais une autre merveille,
Encor beaucoup plus non pareille :
Une belle enfant de cinq ans
Qui vous entretient d’un bon sens,
Et, de son petit bec de rose,
Ou de sa bouche à peine éclose,
Vous fait mille charmant discours
Qui ne sont point d’à tous les jours ;
Qui du geste et de la parole
Pousse toute sorte de rôle
De si merveilleuse façon
Que l’on peut dire tout de bon
Qu’en son espèce elle est unique,
Et, selon son nom d’Angélique, [Fille du Sieur du Croisy de la Troupe du Roi.]
Que c’est un chef d’oeuvre des cieux
Pour ravir l’oreille et les yeux.
Transcription de David Chataignier disponible sur le site Molière21.
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