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1665
La Gravette de Mayolas ; Charles Robinet, Lettres en vers
Paris, Chénault, 1665 et Paris, Muguet, 1665.
Alexandre Le Grand chez la comtesse d'Armagnac
Mayolas relate le succès d'Alexandre le Grand chez la Comtesse d'Armagnac. Robinet fait de même, chacun dans leur lettre du 20 décembre 1665.
[Mayolas]
J’appris, mangeant du cotignac,
Que la comtesse d’Armagnac,
Princesse aussi sage que belle,
Digne du Duc de Villeroi,
Traita splendidement le roi,
Ainsi que Monsieur et Madame
Et mainte demoiselle et dame,
Qui se trouvèrent de bon cœur
À ce souper plein de douceur.
Avant cette magnificence
Et ce régale d’importance,
Digne du Roi, digne des dieux
Et de ces objets précieux,
Une fort belle comédie,
Ou plutôt tragi-comédie, [représentée par la troupe royale.]
D’Alexandre portant le nom,
Fut donnée à ce grand Bourbon,
Qui représente bien l’image
De ce triomphant personnage.
Ensuite du banquet royal,
On eut le plaisir d’un grand bal,
Où les dames fort ajustées,
Par des modes bien inventées,
En hermine, en bijoux de prix,
Diamants, perles et rubis,
Offraient aux yeux dans cette salle
L’éclat de l’Inde orientale,
Et mêlaient leurs charmants appas
À la cadence de leurs pas,
Dont cette assemblée éclatante
Parut infiniment contente.
[Robinet]
D’Armagnac la belle comtesse,
Qui montre tant de politesse
Et qui par ses appas si doux,
Mérite bien son bel époux,
Traita lundi la compagnie
Avec une grâce infinie.
Elle composa son cadeau
Brillant, délicieux et beau
D’un souper qu’avec un adverbe
Je puis appeler fort superbe,
D’un bal éclairé comme il faut,
Où la jeunesse fit maint saut,
Et (jugez si c’est là l’entendre)
De Monsieur le grand Alexandre,
Lequel, après des deux mille ans
Qu’il fut le fléau des Persans,
A repris nouvelle origine
D’une poétique racine,
Qui le produit même à la fois
Sur deux des théâtres français, [de l’Hôtel de Bourgogne et du Palais-Royal.]
Où la cour et le peuple admire
Ce grand et ce belliqueux sire,
Parlant, non en Macédonien,
Ains en notre langue, et très bien.
Transcription de David Chataignier disponible sur le site Molière21.
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