1674

Samuel Chappuzeau, Le Théâtre français

Lyon : M. Mayer, 1674

Sur la moralité du théâtre

Dans ce traité consacré à la vie théâtrale de son temps, Chappuzeau prend parti en faveur du théâtre dans le contexte de la querelle sur la moralité du théâtre.

XXIV. Le goût d'un particulier ne doit pas l'emporter sur le goût universel.

Il y a partout un mélange inévitable de bien et de mal, il ne faut que savoir les séparer, et que regarder les choses par les bons côtés. On peut cueillir une rose sans se piquer, on peut voir la comédie sans risque, et le beau fruit qu'on en tire n'est malsain que pour ces petits estomacs qui rejettent tout [...]

Les esprits chagrins ne prennent plaisir à rien, et blâment tous les divertissements honnêtes ; d'autres les blâment aussi sans être chagrins, et ils en ont leurs raisons ; et les uns et les autres pour autoriser leurs sentiments et leur manière de vivre veulent qu'il y ait du crime dans les plaisirs les plus innocents. Mais enfin il n'est pas juste qu'en des choses dont l'usage est bon à qui sait en profiter, le grand nombre se règle sur le petit, et que le goût de quelques particuliers l'emportant sur le goût universel, prive le public de l'utile divertissement de la comédie.

Edition en ligne sur Gallica édition de 1876  p. 82


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