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1702
Jean-Baptiste Morvan de Bellegarde, Lettres curieuses de littérature et de morale
Paris : J. et M. Guignard, 1702.
Sur la qualité des sujets
Il faut préférer aux sujets simples les sujets complexes : ceux-ci augmentent et varient les émotions ressenties par le public. Voir également p. 329-330.
Il y a des sujets simples, c’est-à-dire dont le héros est toujours heureux ou malheureux depuis le commencement jusqu’à la fin de la pièce. […] Des sujets si uniformes sont languissants : l’âme, se trouvant toujours dans la même situation, souffre une contrainte qui la gêne ; on se lasse enfin de pleurer toujours, et l’on abandonne un malheureux à son mauvais sort. Il faut dont choisir un sujet où l’on trouve un mélange de bonne et de mauvaise fortune et dont le héros, se croyant au comble de ses désirs, est tout à coup précipité dans un abîme de malheurs ; ou qui, après avoir été longtemps persécuté et accablé de disgrâces, voit cesser tous ses malheurs par un retour de bonne fortune. C’est ce qui surprend et ce qui frappe le spectateur qui se trouve, dans un moment, agité par une foule de passions différentes. C’est l’effet de la péripétie, ou d’un événement imprévu, qui arrive contre les apparences et qui change la face des affaires.
Extrait de la cinquième lettre, « Sur les pièces de théâtre », disponible sur Gallica, p. 358-360.
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