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1702
Jean-Baptiste Morvan de Bellegarde, Lettres curieuses de littérature et de morale
Paris : J. et M. Guignard, 1702.
Sur la caractérisation des personnages
Elle est ici expliquée à l’exemple de l’Iphigénie de Jean Racine.
Les mœurs ne sont autre chose que les inclinations, bonnes ou mauvaises. Ce sont tous ces traits répandus qui forment le caractère des personnages. Ainsi, dans l’Iphigénie, tout ce qui entre dans la représentation d’un homme amoureux mais violent tel qu’était Achille ; tout ce qui sert à nous peindre un roi fier et ambitieux tel qu’Agamemnon ; une mère tendre, une jeune princesse courageuse telles que Clytemnestre et Iphigénie ; c’est précisément ce que nous appelons mœurs. Il faut les marquer si vivement que le spectateur soit en quelque façon prévenu sur le parti que doit prendre l’acteur. Elles ne doivent ni blesser les bienséances attachées à certain âge et à certains états, ni altérer les caractères connus et consacrés par l’histoire ou par la fable : qu’Achille soit emporté, ardent, fier, inflexible. Enfin, qu’elles soient égales et ne se démentent point : ainsi, jusqu’à la fin, le souvenir d’Hector est cher à Andromaque.
Extrait de la cinquième lettre, « Sur les pièces de théâtre », disponible sur Gallica, p. 325-326.
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