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Par support > Traités, épîtres, pamphlets, défenses, … > L'année chrétienne ou le saint et profitable emploi du temps pour gagner l'éternité –
1640
Jean Suffren, L'année chrétienne ou le saint et profitable emploi du temps pour gagner l'éternité
Paris : Claude Sonnius, 1640
Les bonnes comédies et celles qui empoisonnent
Au sein d'un chapitre qui valorise le plaisir des divertissements pour ses vertus eutrapéliques de « délassement », l'auteur propose une distinction entre les spectacles qui éloignent de Dieu et ceux qui sont licites :
Vous trouverez beaucoup de personnes qui ont écrit contre les comédiens, et contre ceux qui les écoutent. Je ne veux pas être si sévère, qu’absolument je blâme ceux qui les font ni ceux qui les écoutent, car je sais qu’on en a fait de fort belles, desquelles on a pu sortir ayant l’esprit plus gai et débandé, sans être aucunement souillé, ni autrement intéressé : en celles-là vous y pouvez assister sans scrupule, si peut-être votre vacation particulière, ou quelque autre circonstance ne vous en empêche : mais aux autres qui représentent, ou disent des choses qui portent à l’impudicité, et blessent la charité, ne vous y trouvez jamais ; car outre le mauvais exemple que vous donneriez à ceux qui vous verraient, qui n’eussent jamais cru cela d’une personne qui fait profession d’une vertu et dévotion particulière, et qui voulant par conscience s’en retirer, s’y porteraient sans scrupule, estimant licite tout ce que vous faites ; outre, dis-je, ce mauvais exemple, vous n’en sortirez jamais sans quelque mauvaise impression, laquelle vous distraira en vos oraisons, et insensiblement vous fera goûter les appâts du monde, que vous faisiez profession de mépriser. C’est un grand trait d’imprudence, pour avoir un peu, perdre beaucoup ; et pour une récréation extérieure, perdre les intérieures, pour un plaisir d’une heure, se mettre en danger de perdre les éternels, et d’encourir une cuisante peine ou au purgatoire, ou en l’enfer à l’un desquels infailliblement vous seriez condamnée, si sans avoir loisir de vous reconnaître, la mort vous trouvait en telle récréation, comme il peut arriver […]. Aussi je vous dis que la plus belle récréation est, d’avoir quitté telles récréations, on dit que l’herbe sardonique fait mourir en riant ; les plaisirs pris en telles assemblées, vous chatouillent, et vous font rire, mais en riant ils vous tuent.
Extrait signalé par F. Lecercle dans la « Bibliographie France » sur le site La Haine du Théâtre.
En ligne sur Google Books p. 863-864.
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