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1664
Paul Fréart de Chantelou, Mémoire du traitement fait par la maison du roi à Monsieur le Cardinal Chigi légat a latere en France
Manuscrit Français 6143 [BNF]
Une collation spectaculaire à Fontainebleau
Dans sa relation de la légation Chigi, Chantelou souligne la nature spectaculaire de la collation organisée le 4 août 1664 juste avant le bal.
Après ces visites, S.E. dîna à midi, et sur les quatre heures fut visiter M. où elle demeura demie heure. Entre six et sept, elle fut chez la Reine Mère, leurs Majestés le reçurent comme les autres fois, puis le menèrent dans le salon qui regarde l’étang, où était préparée une collation la plus belle et la plus galante qui se puisse voir. Elle était de vingt-quatre grands bassins, sur chacun desquels étaient en pyramide vingt corbeilles bordés d’un nombre de nœuds, de festons et de galands de nompareille, de toutes les couleurs imaginables, et dans les corbeilles étaient des fruits crus de la saison et de toutes sortes de confitures sèches arrangées avec une industrie merveilleuse et une variété infinie de couleurs. Le Roi était venu un peu auparavant, et M. le Dauphin aussi. Il n’y avait aucun siège à pouvoir s’asseoir dans le lieu. Le Roi fit faire le tour de la table à S.E afin de considérer mieux la beauté de cette collation, S.E. mangea quelques fruits debout. Les Princesses et Dames y étaient aussi. La disposition de cette collation se considérait comme un spectacle plus pour la vue que pour le goût. S.E. ne fut dans le salon qu’un bon quart d’heure, et après s’en retourna dans son appartement, où elle dit au Sieur de Chantelou qu’elle se dispenserait de souper ; sur les dix heures du soir elle fut au bal, où les Reines et les Dames étaient parées de tout ce qu’il y a de plus beau en France en perles et en pierreries. Jamais on n’en a tant vu ensemble. Le bal finit à une heure.
Manuscrit disponible à la BNF, f. 30 r-v.
éd. Daniela Del Pesco, Mélanges de l’École française de Rome - Italie et Méditerranée modernes et contemporaines, 123-2 (2011), en ligne sur Openedition, paragraphe 122.
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