Quelque temps avant que la Reine partit de Hambourg pour retourner à Rome, elle donna un magnifique repas à plusieurs grands seigneurs et dames qui étaient dans les intérêts de la Suède, et le marquis Delmonte eut l’intendance de ce festin. On le prépara dans un jeu de paume, où tout autour on fit des échafauds comme à un théâtre de comédie, pour y mettre les spectateurs. Je n’entreprendrai point d’en faire la description, et ne parlerai point de la délicatesse et de l’abondance des mets, qui furent apprêtés dans la dernière propreté ; une autre plume plus éloquente que la mienne ne dirait rien contre la vérité, quand elle le comparerait aux banquets les plus somptueux des anciens, et quand elle y ferait entrer des instruments, et des concerts mêlés des voix les plus charmantes, avec des illuminations qui faisaient honte aux rayons du soleil. Il y eut ensuite bals et ballet ; les dames et les cavaliers y dansèrent de bonne grâce, enfin la joie fut entière, le marquis Delmonte eut plus de sujet d’en être content qu’aucun autre, car outre la part qu’il prit à la bonne chère, et aux autres divertissements de la vue, et de l’ouïe, il profita dans la foule, des faveurs qu'il obtint de quelques dames faciles […].