Quand ils allèrent à la comédie italienne et qu'on leur voulut faire remarquer la salle qui était très belle, ils dirent qu'elle était à Paris et que cela suffisait, Paris étant capable de produire tout ce qu'on peut s'imaginer de plus beau. Voici à peu près le sujet du compliment italien que leur fit M. Cinthio. Il dit que c'étaient de sages et illustres ministres, qui portaient imprimée sur leur front la grandeur de leur roi, qu'ils étaient venus en France du fond des Indes pour nous découvrir les merveilles de l'Asie, que leur royaume était divisé en onze provinces qu'on pouvait appeler autant de royaumes, et que tout était d'un si grand exemple dans le gouvernement de Siam que si, les écoles de la prudence et de la politique étaient nécessaires en France, ils pourraient en donner les premiers enseignements. À quoi il ajouta qu'il les priait de souffrir qu'au nom de toute la troupe, il leur rendît grâce de l'honneur qu'il leur avait plu de faire à leur théâtre, et qu'à leur retour à Siam ils daignassent dire à leur souverain seigneur que les nations les plus éloignées donnent un tribut de louange à sa grandeur et révèrent sa puissance, d'autant plus considérable qu'elle a mérité l'estime de notre monarque toujours invincible Louis XIV, et que cependant ils attendraient d'eux de nouveaux ordres pour leur donner de nouvelles marques de leur zèle et de leur obéissance. Ce compliment fut interprété en français par Mr Veneroni, interprète du roi en langue italienne.