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1664
Jacques Carpentier de Marigny, Relation des divertissements que le Roi a donnés aux Reines dans le Parc de Versailles
Paris : Ch. de Sercy, 1664
Débat entre spectateurs sur l’origine des baleines
Dans sa relation sur les divertissements versaillais de 1664, Marigny décrit le début du Ballet du palais d’Alcine et notamment l’image extraordinaire de l’arrivée d’Alcine sur le dos d’une baleine. Image tellement extraordinaire qu’elle suscite parmi les spectateurs un débat sur l’origine de l’animal.
Le rond d’eau qui est au bas de la même allée, par laquelle l’on était descendu de la place où s’était faite la course de bague, au salon de la Comédie, fut choisi pour représenter le lac au milieu duquel était l’île enchantée de cette fameuse magicienne. Le haut Dais fut placé sur le bord de l’allée, et sur les côtés du rond d'eau, près des palissades à droite et à gauche, il y avait des amphithéâtres qui faisaient une forme de croissant, qui aboutissait aux bords de deux petites îles qui étaient aux deux côtés du palais d’Alcine. Ces deux îles furent en un moment éclairées d’un nombre infini de lumières, et l’on vit sur celle qui était à la main droite des spectateurs, un grand nombre de concertants, dont l’harmonie répondait à celle des trompettes et des timbales, qui étaient dans la petite île de la main gauche. Peu de temps après l’on aperçut de loin trois grosses baleines qui sortaient des deux côtés du palais, et qui en nageant s’approchaient des bords du lac enchanté. L’une portait sur son dos Alcine, et les deux autres portaient les deux compagnes de cette magicienne. Comme l’on raisonne différemment sur toutes les choses de ce monde, les uns soutenaient que ces monstres étaient vivants, et que des biscayens les avaient pris à la dernière pêche, et les avaient amenés au roi ; d’autres disaient que c’étaient des poissons que l’on avait jetés, il y a peu de temps, dans le rond d’eau, et qui étaient devenus assez grands pour servir en cette occasion, et ces derniers appuyaient leur opinion en disant que « sans se donner beaucoup de peine l’on fait aux champs des rois de fertiles moissons, et leurs eaux sont toujours si bonnes et si saines, que les moindres petits poissons y deviennent dans peu de fort grosses baleines ».
Relation disponible sur Gallica, p. 44-48.
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