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1668

André Félibien, Relation de la fête de Versailles du 18 juillet 1668

Paris : P. Le Petit, 1668

Spectacle de jets d'eau

Dans sa relation de la fête de Versailles du 18 juillet 1668, Félibien décrit les jets d’eau qui enchantent les invités à la suite du buffet, et les illusions optiques que suscitent les canaux.

Dans le bassin qui séparait l’allée d’avec le salon, il y avait un groupe de quatre dauphins dans des coquilles de bronze doré posées sur un petit rocher : ces quatre dauphins ne formaient qu’une seule tête, qui était renversée, et qui ouvrant la gueule en haut poussait un jet d’eau d’une grosseur extraordinaire. Après que cette eau qui s’élevait de plus de trente pieds de haut, avait frappé la feuillée avec violence, elle retombait dans le bassin en mille petites boules de cristal. Aux deux côtés de ce bassin il y avait quatre grandes plaques en ovale, chargées de quinze bougies ; mais comme toutes les autres lumières qui éclairaient cette allée, étaient cachées derrière les pilastres, et les termes qui marquaient les cabinets, l’on ne voyait qu’un jour universel qui se répandait si agréablement dans tout ce lieu, et en découvrait les parties avec tant de beauté, que tout le monde préférait cette clarté à la lumière des plus beaux jours. Il n’y avait point de jets d’eau qui ne fît paraître mille brillants ; et l’on reconnaissait principalement dans ce lieu et dans la grotte où le Roi avait soupé, une distribution d’eaux si belle et si extraordinaire, que jamais il ne s’est rien vu de pareil. Le sieur Joly qui en avait eu la conduite, les avait si bien ménagées, que produisant toutes des effets différents ; il y avait encore une union et un certain accord qui faisait paraître partout une agréable beauté ; la chute des unes, servant en plusieurs endroits à donner plus d’éclat à la chute des autres. Les jets d’eau qui s’élevaient de quinze pieds sur le devant des deux canaux, venaient peu à peu à se diminuer de hauteur et de force à mesure qu’ils s’éloignaient de la vue ; de sorte que s’accordant avec la belle manière dont l’on avait disposé l’allée, il semblait que cette allée qui n’avait guère plus de quinze toises de long, en eût quatre fois davantage : tant toutes choses y étaient bien conduites.

                Relation disponible sur Gallica dans son éditionillustrée de 1679, p. 36-37.

L’édition originale est consultable sur GoogleBooks.


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