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1668
André Félibien, Relation de la fête de Versailles du 18 juillet 1668
Paris : P. Le Petit, 1668
Le décor de George Dandin et de la pastorale de Lully
Dans sa relation de la fête de Versailles de 1668, Félibien décrit dans le détail le lieu où sera mise en scène la pastorale en musique de Lully, dans laquelle sera enchâssé George Dandin de Molière, moment central des divertissements, précédé d’une collation et suivi d’un festin et d’un bal.
À côté de la grande allée royale il y en a deux autres qui en sont éloignées d’environ deux cents pas. Celle qui est à droite en montant vers le château s’appelle l’allée du Roi, et celle qui est à gauche l’allée des prés. Ces trois allées sont traversées par une autre qui se termine à deux grilles qui font la clôture du petit parc. Ces deux allées des côtés et celle qui les traverse ont cinq toises de large ; mais à l’endroit où elles se rencontrent elles forment un grand espace qui a plus de treize toises en carré. C’est dans cet endroit de l’allée du Roi que le sieur Vigarani avait disposé le lieu de la comédie. Le théâtre qui avançait un peu dans le carré de la place s’enfonçait de dix toises dans l’allée qui monte vers le château, et laissait pour la salle un espace de treize toises de face sur neuf de large. L’exhaussement de ce salon était de trente pieds jusques à la corniche, d’où les côtés du plafond s’élevaient encore de huit pieds jusques au dernier enfoncement. Il était couvert de feuillée par dehors, et par dedans paré de riches tapisseries que le sieur du Mets, Intendant des meubles de la couronne, avait pris soin de faire disposer de la manière la plus belle et la plus convenable pour la décoration de ce lieu. Du haut du plafond pendaient trente-deux chandeliers de cristal portant chacun dix bougies de cire blanche. Autour de la salle étaient plusieurs sièges disposés en amphithéâtre remplis de plus de douze cent personnes ; et dans le parterre il y avait encore sur des bancs une plus grande quantité de monde. Cette salle était percée par deux grandes arcades dont l’une était vis-à-vis du théâtre et l’autre du côté qui va vers la grande allée. L’ouverture du théâtre était de trente-six pieds, et de chaque côté il y avait deux grandes colonnes torses de bronze et de lapis environnées de branches et de feuilles de vigne d’or : elles étaient posées sur des piédestaux de marbre, et portaient une grande corniche aussi de marbre dans le milieu de laquelle on voyait les armes du Roi sur un cartouche doré accompagné de trophées ; l’architecture était d’ordre ionique. Entre chaque colonne il y avait une figure : Celle qui était à droite représentait la Paix, et celle qui était à gauche figurait la Victoire, pour montrer que sa Majesté est toujours en état de faire que ses peuples jouissent d’une paix heureuse et pleine d’abondance, en établissant le repos dans l’Europe, où d’une victoire glorieuse et remplie de joie, quand elle est obligée de prendre les armes pour soutenir ses droites. Lorsque leurs Majestés furent arrivées dans ce lieu dont la grandeur et la magnificence surprit toute la cour ; et quand elles eurent pris leurs places sur le haut Dais qui était au milieu du parterre, on leva la toile qui cachait la décoration du théâtre : et alors les yeux se trouvant tout à fait trompés, l’on crut voir effectivement un jardin d’une beauté extraordinaire.
Relation disponible sur Gallica dans son édition illustrée de 1679,p. 11-12.
L’édition originale est consultable sur Google Books.
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