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1668
André Félibien, Relation de la fête de Versailles du 18 juillet 1668
Paris : P. Le Petit, 1668
Un divertissement inimitable
Dans les dernières pages de sa relation de la fête de Versailles de 1668, Félibien dresse un bilan admiratif d’un divertissement d’une grandeur inégalée et inimitable.
Ainsi finit cette grande fête, de laquelle si l’on remarque bien toutes les circonstances, on verra qu’elle a surpassé en quelque façon ce qui a jamais été fait de plus mémorable. Or soit que l’on regarde comme en si peu de temps l’on a dressé des lieux d’une grandeur extraordinaire pour la comédie, pour le souper et pour le bal ; soit que l’on considère les divers ornements dont on les a embellis ; le nombre des lumières dont on les a éclairés ; la quantité d’eaux qu’il a fallu conduire, et la distribution qui en a été faite ; la somptuosité des repas où l’on a vu une quantité de toutes sortes de viandes qui n’est pas concevable : et enfin toutes les choses nécessaires à la magnificence de ces spectacles et à la conduite de tant de différents ouvriers, on avouera qu’il ne s’est jamais rien fait de plus surprenant et qui ait causé plus d’admiration. Mais comme il n’y a que le Roi qui puisse en si peu de temps mettre de grandes armées sur pied et faire des conquêtes avec cette rapidité que l’on a vue, et dont toute la terre a été épouvantée, lorsque dans le milieu de l’hiver il triomphait de ses ennemis, et faisait ouvrir les portes de toutes les villes par où elle passait : aussi n’appartient-il qu’à ce grand Prince de mettre ensemble avec la même promptitude autant de musiciens, de danseurs et de joueurs d’instruments, et tant de différentes beautés. Un capitaine romain disait autrefois, qu’il n’était pas moins d’un grand homme de savoir bien disposer un festin agréable à ses amis, que de ranger une armée redoutable à ses ennemis : ainsi l’on voit que sa Majesté fait toutes ses actions avec une grandeur égale ; et que soit dans la paix, soit dans la guerre, elle est partout inimitable. Quelque image que j’aie tâché de faire de cette belle fête, j’avoue qu’elle n’est que très imparfaite, et l’on ne doit pas croire que l’idée qu’on s’en formera sur ce que j’en ai écrit, approche en aucune façon de la vérité. L’on donnera au public les figures des principales décorations, mais ni les paroles, ni les figures ne sauraient bien représenter tout ce qui servit de divertissement dans ce grand jour de réjouissance.
Relation disponible sur Gallica dans son édition illustrée de1679, p. 42-43.
L'édition originale est consultable sur Google Books.
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