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1674
André Félibien, Les Divertissements de Versailles, donnés par le Roi au retour de la conquête de la Franche-Comté, en l’année 1674
Paris : J. B. Coignard, 1674
Un changement de décor surprenant pour les Fêtes de l’Amour et de Bacchus de Lully
La quatrième journée des Divertissements de Versailles de 1674 se termine par la somptueuse représentation de l’Opéra des Fêtes de l’Amour et de Bacchus de Lully. Félibien met en exergue le surprenant changement de décor du dernier acte.
Après que leurs majestés eurent demeuré dans ce lieu si charmant jusqu’à l’entrée de la nuit, elles se rendirent au bout de l’allée du Dragon du côté de la tour d’eau, où elles trouvèrent un théâtre dressé pour l’Opéra des Fêtes de l’Amour et de Bacchus.
La face du théâtre représentait un grand morceau d’architecture d’ordre corinthien. Le milieu qui en faisait l’ouverture était orné d’une grande corniche soutenue des deux côtés par deux massifs formés en demi-cercle, et dont les extrémités avançaient davantage du côté de l’orchestre. Ces massifs étaient accompagnés de trois colonnes et de trois pilastres de chaque côté ; savoir deux colonnes et deux pilastres accouplés sous la corniche à l’ouverture du théâtre, et une colonne et un pilastre sur le devant proche de l’orchestre. Au milieu de chaque massif il y avait des niches, où sur des piédestaux étaient élevées deux statues de bronze doré, l’une représentant la Justice, et l’autre la Félicité du règne : la première tenait une épée et des balances, et l’autre portait une corne d’abondance remplie de fruits et de fleurs. Les colonnes et les pilastres étaient de lapis, striés, et cannelés, les bases, les chapiteaux, et les ceintes ou bandes qui environnaient le fût de la colonne, étaient enrichis d’ornements de bronze doré.
Au-delà de cette face paraissait un jardin fort délicieux : il était disposé par grandes allées bordées de part et d’autre de palissades d’arbres verts industrieusement taillés en diverses manières. Plusieurs figures représentant des Thermes portaient des consoles et des corniches taillées dans les palissades mêmes ; et entre ces thermes il y avait des bassins de fontaine, d’où sortait de l’eau.
La décoration changea au dernier acte : le théâtre s’étant ouvert des deux côtés, l’on vit de part et d’autre une quantité de bergers du chœur de l’Amour assis sur des portiques de verdure, et jouant de divers instruments ; et le fond du théâtre s’étant aussi ouvert, il parut plus de cinquante Satyres du chœur de Bacchus ; et tous ensemble joignant leur voix au son des instruments, mirent fin à la pièce, dont la musique est l’ouvrage du sieur de Lully.
Relation disponible sur Gallica dans l’édition de 1676, p. 15-16
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