Enfin, Monsieur, sans condamner la comédie en général, et sans les approuver toutes dans le particulier, sans justifier les infamies qui s’y débitent, et sans noircir les belles idées qu’on peut y puiser, je veux bien vous dire que le fracas que font depuis peu de temps à Paris les brigues de deux auteurs ennemis, les vers satiriques que chacun des deux partis a débités dans le monde, et la curiosité de voir de quelle manière deux génies tout différents avaient traité une même matière, me firent résoudre à donner quelques heures de mon loisir à ces deux diverses représentations, et le sujet des amours de Phèdre et d’Hippolyte, si bien traité par Euripide, si fortement écrit par Sénèque, et tant de fois chanté par nos poètes, me sembla mériter d’autant plus d’application, que M. Racine avait pris la peine de l’accommoder à notre scène ; et que M. Pradon avait eu l’audace de le doubler, sans considérer la haute réputation que s’est acquis dans ces sortes d’ouvrages un si grand homme.