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1675
Pierre de Villiers, Entretien sur les tragédies de ce temps
Paris : E. Michallet, 1675
De l’importance du titre pour attirer les spectateurs
L'un des personnages de cet entretien imagine la possibilité de revenir à des tragédies chrétiennes, dans lesquelles l’amour ne joue pas une part essentielle. Se pose néanmoins la question de l’attractivité des noms qui figureraient alors à l'affiche :
CLEARQUE.
Vous avez beau dire, je ne saurais accoutumer mon imagination à cela. Quoi, si les comédiens mettaient l’hiver prochain dans leurs affiches : Nous vous donnerons le Martyre de saint Eustache, vous croiriez qu’on irait à la comédie ? Le seul nom de saint Eustache serait capable de rebuter tout le monde.
TIMANTE.
Ce n’est donc plus que le nom qui vous fait de la peine, j’approuve votre délicatesse, et je veux bien avouer qu’il y a de certains noms trop connus que je ne voudrais pas donner pour titre à une pièce de théâtre ; mais y a-t-il rien de plus aisé à changer qu’un nom ? Cela est permis aux poètes, et quand même on ne voudrait pas se donner cette licence, n’y a-t-il pas une infinité d’histoires chrétiennes qui n’offrent que de beaux noms ? Ne nous laissons point gouverner par une imagination déréglée, mais avouons de bonne foi que pour les noms et pour les choses l’histoire profane n’a nul avantage sur l’histoire chrétienne.
Racine, Œuvres complètes, I, Paris,Gallimard, "Bibliothèque de la Pléiade", 1999, p. 789-90
Dissertation en ligne sur Gallica, p. 118-121
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