Par support > Correspondances > Correspondance

 

1668

Christian Huygens, Correspondance

Relation de la fête de Versailles

Le 27 juillet 1668, Christian Huygens fait la relation de la fête de Versailles à laquelle il vient d'assister. Georges Dandin ne lui a en rien paru mémorable :

J’avais cru vous rendre compte de la fête de Versailles, mais je n'ai pas le loisir, et l'imprimé qu'on nous avait promis pour lundi passé ne parait pas encore. Le feu d'artifice était ce que j'y trouvai de plus beau, n'ayant jamais vu une telle quantité de fusées remplir l'air en même temps. La comédie de Moliere dont le sujet était le cocuage d'un paysan qui avait épousé une demoiselle, était faite fort à la hâte et peu de chose, mais la salle et le théâtre fort beaux, comme aussi les deux autres salles en octogone faites de charpenterie et ornées de feuillage, festons de fleurs, peinture, fontaines, l'une pour le festin, l'autre pour le bal. Elles étaient grandes de 60 ou 70 pieds en diamètre, et fort exhaussées. Tout était dans les allées du jardin. Il y avait une si grande foule de gens qu’à la comédie le roi même eut de la peine à faire placer les dames, et il fallut faire sortir pour cela quantité d'hommes malgré qu'ils en eussent. J’étais parti dès les 5 heures du matin et ne revins que le lendemain à 7 heures, ayant souffert grand chaud et grand froid dans une même nuit, point dormi, et mangé à la hâte, de sorte que la fatigue ne fut pas petite, mais la consolation était que tout le monde souffrait de même.

Lettre disponible sur la Bibliothèque numérique des lettres hollandaises.


Pour indiquer la provenance des citations : accompagner la référence de l’ouvrage cité de la mention « site Naissance de la critique dramatique »