Les Romains véritablement n’ont jamais déféré tant d’honneurs ni tant de privilèges à leurs acteurs que les Grecs, quoiqu’on ait vu de leurs Empereurs réciter sur le théâtre et que le seul Roscius touchât trente six mille écus par an de l’épargne ou trésor public pour jouer durant ce temps-là une douzaine de fois devant le peuple. Et néanmoins il firent quelquefois rompre tous les sièges de leurs amphithéâtres afin qu’on y donnât moins de temps par l’incommodité d’être debout.

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Elle [la comédie] adoucit les natures les plus faouches, témoin cet Alexandre, tyran de Phères, qui se fâcha contre un comédien et fut sur le point de le punir parce qu'il avait amolli la dureté de son âme.

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En vérité, l’on ne saurait considérer le nombre et la qualité de ceux qui sont spectateurs assidus de la nôtre (sans y être attirés comme autrefois dans Athènes par des distributions pécuniaires) qu’on ne s’éloigne beaucoup de la rigueur de certains esprits qui ont si absolument censuré toute sorte de comédies.

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Et qu'auraient-ils fait s'ils eussent eu connaissance de celles de la Chine, dont la représentation dure parfois dix et douze jours, sans manquer ni d'acteurs ni d'auditeurs, parce que durant qu'une partie d'entre eux joue et écoute, l'autre dort et dîne selon son besoin ? Cependant les Chinois sont sans difficulté les peuples de la terre qui observent le plus exactement la morale, dont ils font presque toute leur étude. Mais je vous avoue qu'ils ne sont pas apparemment en ceci dans l'observation rigoureuse des vingt-quatre heures.