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1659

Jean Loret, La Muse historique

Paris, Chenault, 1659

Dernière représentation du Ballet du roi

Dans sa lettre du 1er mars 1659, Loret fait un compte-rendu de la dernière représentation du Ballet du roi :

Le très joli Ballet du Roi
Qui contenait assez de quoi,
Pour ravir les plus difficiles,
Aussi bien que les plus dociles,
Fut, le Dimanche gras, passé,
Pour la dernière fois, dansé.
L’Assemblée y fut grande et belle ;
Et je pus bien la juger telle,
Étant assis, et non debout,
En lieu, d’où mes yeux voyaient tout
Bref, quoi que je m’en crûsse indigne
J’étais placé sur même ligne
Que Monsieur l’Abbé de Bonzy,
Esprit fort prudent, et choisi
Par l’illustre Duc de Florence,
Pour être Résident en France.
Ce Ballet des plus renommés
Eut ses appâts accoutumés,
Ainsi que j’en fis la remarque ;
Et le lundi, notre Monarque,
Souverain, qui n’a point d’égal,
Dans son Louvre, donna le Bal ;
Où toutes les Dames exquises,
Princesses, Duchesses, Marquises,
Et des pucelles, mêmement,
Charmaient les coeurs, à tout moment
Par leurs grâces, presque, célestes ;
Tous les danseurs étaient fort lestes
Louis Quatorze y présida,
Monsieur, de près, le seconda,
Et les deux Cousines Germaines [La Princesse d'Angleterre et Mademoiselle]
(Dignes d’être, un jour, Souveraines)
Et qui le sont, aussi, du Roi,
Y parurent en bel arroi.
Si, ce soir, j’eusse eu le crédit
D’être présent au Bal susdit,
Ma Plume, ô Lecteur bon et sage,
T’en entretiendrait, davantage :
Mais, plus parler, il ne convient
De Bals, jusques en l’An qui vient.

Transcription de David Chataigner disponible sur Molière21.


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