Au regard des sentiments qui regardent les auditeurs et les prédicateurs même, au regard desquels les jeunes prédicateurs n’ont qu’à se consulter et observer quelles agitations ou quelles actions et démonstrations corporelles soit de la voix, soit des mains, soit des yeux, soit de la tête, etc… ils feraient s’ils se trouvaient dans de semblables occasions et s’ils étaient dans les mêmes sentiments qu’ils exposent à leurs auditeurs, que l’on appelle tableaux ou peintures, où réussissait admirablement bien feu Molière (anciennement, on appelait ces sortes de gens "pantomimes", comme si nous disions des copistes et gens qui contrefont et représentent toutes sortes de moeurs). Ce qui nous fait dire aux jeunes gens qui se destinent à la chaire qu’ils doivent se trouver quelquefois à la représentation des belles pièces de théâtre pour apprendre l’action et l’éloquence du corps, lorsqu’ils n’ont pas encore de caractère qui leur défende de s’y trouver et lors aussi qu’ils ne connaissent point de prédicateurs qui réussissent bien dans cette manière de représenter les sentiments les plus cachés et les plus délicats, comme sont :
La langueur
L’envie
La rage
La dévotion
L’admiration
L’irrésolution
Et tant d’autres passions (dont nous parlerons amplement dans le Ier tome de nos Conférences académiques, conférence XV, p. 159, dans la résolution) non seulement pour les exprimer, mais aussi pour les exciter ou, au contraire, pour les faire détester.