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1636
Jean-Louis Guez de Balzac, Lettres
Paris, Billaine, 1665.
Lettre à l'acteur Mondory
Cette lettre importante du 15 décembre 1636 présente plusieurs remarques adressées par le spectateur au comédien, articulées avec son emploi d'avocat :
C’est se reposer au milieu des fleurs que d’avoir place parmi tant de beaux vers et tant de rares discours dont vous êtes la bibliothèque vivante, et s’il m’est permis de dire le reste, c’est être le favori de mille rois que d’être aimé de Monsieur de Mondory. Car en effet vous nous faites voir si hautement la grandeur et la magnificence passée qu’il faut avouer que vos représentations sont les résurrections glorieuses des princes que vous représentez. Et cela étant, ne trouvez pas mauvais qu’en vous répondant je vous contredise. Vous ne pouvez comparer le bonnet d’Hérode à celui de Monsieur l’avocat [caviardé] sans faire tort à la dignité royale et avilir la pourpre et les diamants, sans vous rendre à vous-même un mauvais office, me diminuant par là, si vous le pouviez la grande idée que je conçus de vous le jour que je vous vis avec ce bonnet. Mais vous avez beau vous humilier, vous ne sauriez effacer de mon souvenir cette première image de majesté que vous y laissâtes et je ne saurais vous figurer à ma pensée qu’avec un ton de commandement et une éloquence de maître si élevée au-dessus de cette rhétorique inférieure qui n’agit que par prières et par remontrances. Ce n’est pas pourtant que je vous veuille toujours considérer sous le nom et sous la forme d’un autre et que je croie que descendant du théâtre, vous soyez hors d’œuvre dans le monde. La lettre que vous avez pris la peine de m’écrire me témoigne assez que vous êtes éloquent de votre chef et que sans emprunter de personne, vous débitez de bonnes choses qui vous sont propres. N’ayez donc pas peur que je fasse des rétractations à votre désavantage après ce nouveau sujet que j’ai de dire du bien de vous. Je suis prêt au contraire, s'il est besoin, d'ajouter quelque chose à mon premier témoignage. J’ai plusieurs raisons de vous estimer et pense le pouvoir faire du consentement de nos plus sévères écoles, puisqu’ayant nettoyé votre scène de toutes sortes d’ordures, vous pouvez vous glorifier d’avoir réconcilié la comédie avec les [caviardé] et la volupté avec la vertu. Pour moi qui ai besoin de plaisir et n’en désire pas prendre néanmoins qui ne soit bien purifié et que l’honnêteté ne permette, je vous remercie avec le public du soin que vous avez de préparer de si agréable remèdes à la tristesse et aux autres fâcheuses passions.
Correspondance disponible sur Gallica, p. 419-420.
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