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1671

Charles Robinet, Lettres en vers

Paris, Chenault, 1671.

Mort de Floridor

Le 22 août 1671, Robinet annonce la mort du grand acteur de l'Hôtel de Bourgogne :

C’est un acteur incomparable
Dont la perte est irréparable,
Plus que d’une grande somme d’or
Et cet acteur est Floridor.
Ce nom qu’il rendit si célèbre,
Fait mieux son éloge funèbre,
Que tout ce que la Muse, ici,
Pourrait, par un juste souci,
En dire, en un très long chapitre.
Il n’est caractère, ni titre,
De roi, de héros et d’amant
Qu’il ne soutint d’un air charmant,
Et d’une si noble manière
Que c’est la vérité plénière
Que les amants, héros et rois,
N’auraient jamais pu que je crois,
Mieux jouer, eux-mêmes, leurs rôles.
Ses mouvements et ses paroles,
En un mot, son âme et son corps,
Faisaient de si dignes accords,
Et l’art et la nature ensemble,
(Je le vois, encore, ce me semble)
Las s’entendaient en lui, si bien
Qu’on n’y pouvait ajouter rien.
Jusqu’à soixante et quatre années
Qu’il a vu borner ses journées,
Avec les mêmes agréments,
Il jouaient si bien les amants,
Que nos jeunes soupirants, certes,
Et les mieux faits et plus alertes,
N’auraient, près de lui, rien paru.
Que de chétifs l’eusses-tu-cru ?
Ah ! Quelle perte, ah ! Quelle perte,
Par l’Hôtel et par nous soufferte.

Charles Robinet, Lettres en vers à Monsieur, Paris, Chenault, 1671. [Mazarine, 296-A5-RES]


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