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1664

François Hédelin, abbé d' Aubignac, Abrégé de la philosophie des stoïques

Paris, Du Breuil, 1664

Le mauvais spectateur

Tout théorique qu'il est, cet Abrégé de la philosophie des stoïques fustige une attente déplacée du spectateur idéal, celle qui consiste à exiger une forme de vérité historique sur scène. La remarque s'inscrit dans les échanges de la querelle de la Sophonisbe, au sein de laquelle d'Aubignac reproche notamment à Corneille d'avoir trop suivi l'histoire aux dépens de la qualité dramatique :

Et ceux-là seraient bien ignorants en la conduite des poèmes dramatiques qui penseraient l’y [les lumières de la vérité] trouver : le poète n’est pas un historien. Celui-là peut inventer tout ce qui lui plaît et celui-ci ne doit rien dire du sien, et l’histoire ni même la fable n’ont jamais fourni d’événement capable d’être mis sur la scène sans le secours de l’auteur. Et celui-là serait certes bien impertinent qui viendrait au théâtre prévenu d’un incident historique qu’il croirait et qu’il voudrait y rencontrer, car c’est vouloir assujettir à ses pensées un poète qui doit en avoir d’autres et qui ne peut rien faire de mieux que de tromper agréablement l’attente des spectateurs. Il ne faut pas même exempter de son autorité ce que l’on appelle la principale action de la fable.

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