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1684
Germain Brice, Description nouvelle de ce qu'il y a de plus remarquable dans la ville de Paris
Paris : N. Legras, 1684.
Histoire de l'Hôtel de Bourgogne
Ce texte se propose de faire découvrir aux étrangers la ville de Paris. La description de l'Hôtel de Bourgogne donne l'occasion à ce guide touristique de faire une petite histoire de la comédie et de ses rapports à la moralité :
Proche de la rue Montorgueil est l'Hôtel de Bourgogne, que les anciens ducs de ce nom donnèrent à la Confrérie de la Passion, qui se tient dans l'église de l'Hôpital de la Trinité, dans la rue Saint-Denis, à la charge que l'on y représenterait des pièces de dévotion. Mais, depuis ce temps-là le goût étant changé, on y a introduit les pièces profanes, et à présent les comédiens italiens en font possession, depuis la réunion des deux troupes françaises que le roi fit il y a trois ou quatre ans. Ce théâtre est peut-être un des plus anciens de l'Europe, car on croit qu'il y a six cent ans qu'on y donne des spectacles. Autrefois la comédie n'était représentée que par des troupes errantes de Pèlerins de St. Sépulcre de Jérusalem, que l'on nomma depuis jongleurs, qui n'ayant aucune résidence assurée faisaient aux coins des rues le récit des aventures qu'ils avaient eues dans leurs voyages, et le peuple, touché des dangers qu'ils avaient encourus, leur faisait des aumônes considérables. Comme on en trouvait quelque sorte de plaisir à les entendre parler, les anciens ducs de Bourgogne leur donnèrent une salle dans leur hôtel, où tout le monde venait les entendre plus commodément ; mais dans la suite ces pièces de dévotion dégénérèrent en pièces profanes, et devinrent en effet si profanes, que ce n'était plus que des farces et des représentations fort déréglées, de sorte que le christianisme ne pouvait plus honnêtement les souffrir. Cela dura pendant la grossièreté de ces siècles ; et c'est ce qui donne encore lieu à ceux qui ne savent pas la différence qu'il y a de cette ancienne comédie avec celle qu'on nous représente aujourd'hui, de les confondre indifféremment. Cependant, par les soins du grand cardinal de Richelieu, la comédie a tellement changé de face qu'il n'y reste plus rien de ce qui la faisait autrefois condamner.
Relation en ligne sur Google Books, édition de 1685, p. 78.
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