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1665
Madame de Villedieu, Description d'une des fêtes que le Roi a faite à Versailles
in Nouveau recueil de pièces galantes , Paris: Cl. Barbin, 1669
Critique par prétérition
Dans cette relation de spectacle qui respecte les codes du genres, après un bref éloge de Molière, Madame de Villedieu évoque la tragi-comédie Le Favori, une pièce dont elle est l'auteure:
Quand, par tous les secrets que la musique emploie
Pour mettre dans une âme une pente à la joie,
On jugea que les cœurs étaient bien disposés
A goûter les plaisirs qu’on s’était proposés ;
Ce Térence du temps, que l’univers admire,
Dont la fine morale instruit en faisant rire,
D’un marquis ridicule ébaucha le tableau,
Et fit sur ce sujet un ouvrage nouveau.
Une autre comédie après cela commence ;
Mais, Duc, sur cet article agréez mon silence.
Par des raisons qu’il est bon de celer,
Je ne dis point si la pièce fut belle,
Et je suis de serment de n’en jamais parler,
Dût même son auteur me faire une querelle.
Je sais qu’elle fut bien jouée,
Et que pendant le repos des acteurs,
Une voix, qui ne peut être assez bien louée,
Charma de tout le monde et l’oreille et les cœurs.
Si ce fut une fille, ou si ce fut un ange,
C’est ce que je ne sais pas bien,
Et je le donne au plus fin musicien
A ne pas là-dessus prendre souvent le change.
Un ballet agréable, et fort bien inventé,
Des plaisirs de la scène acheva la beauté ;
Qui n’était pas fini qu’un bal incomparable
Acheva cette fête à jamais mémorable.
Sur le même théâtre, où tant d’autres plaisirs
Avaient si pleinement satisfait nos désirs,
Dans un ajustement riche, propre et champêtre,
Notre galante cour en gros vient à paraître.
Les divertissements reçus dans ces beaux lieux
Avaient peint l’allégresse et les ris dans les yeux :
Les dames, qu’animaient ce beau fard de la joie,
A mille et mille traits mettaient les cœurs en proie.
Relation en ligne sur Théâtre de Femmes de l'Ancien Régime p. 3
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